Source : RMC (Interview de Jean-Charles Brisard, Président du CAT)
Les forces arabo-kurdes aidées par les Etats-Unis ont proclamé samedi en Syrie la fin du « califat » autoproclamé de Daesh, une victoire saluée comme une étape cruciale mais qui ne marque pas la fin de la lutte contre la principale organisation jihadiste au monde.
Le dernier bastion de Daesh, Baghouz, est tombé samedi. Pour célébrer cette victoire attendue depuis des semaines, les Forces démocratiques syriennes (FDS), fer de lance de la lutte antijihadistes, ont hissé leur drapeau jaune sur le village conquis de Baghouz, dans l’est syrien, où les derniers jihadistes avaient désespérément résisté. Les forces arabo-kurdes aidées par les Etats-Unis ont proclamé samedi en Syrie la fin du « califat ».
Mais cela ne signifie pas que le groupe n’existe plus. Désormais, l’Etat islamique passe au stade de la clandestinité, tout comme l’avait toujours été Al Qaida notamment. La traque des dirigeants terroristes pourrait n’en être que plus difficile, puisque les zones où ils vont se cacher n’en seront que plus nombreuses.
Déjà, le numéro 1 de Daesh, Abou Bakr el-Baghdadi, celui qui avait proclamé le califat est toujours introuvable. Les Américains ont mis sa tête à prix pour 25 millions de dollars. Reste que l’attrait pour venir s’entraîner dans le « califat » de Daesh vient de disparaître.
« L’EI s’est redéployé »
Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, estime que le groupe reviendra sous une autre forme:
« Ça ne veut pas dire que la menace a disparu. De nombreux jihadistes sont parvenus à rejoindre d’autres zones de repli à la fois en Syrie et en Irak. Chaque semaine, il y a des attentats qui sont perpétrés au nom de l’Etat islamique. Par ailleurs, on sait aussi que l’EI s’est redéployé et est en train de se transformer d’un groupe terroriste en réseau terroriste global avec des filiales dans le monde, en Afghanistan, en Libye, dans le Sahel. Ces filiales apparaissent déjà dans plusieurs projets d’attentats en Europe. Ça veut dire que la capacité opérationnelle à projeter cette menace sur d’autres territoires existe et existera à l’avenir ».
Et si environ 5.000 combattants jihadistes sont aujourd’hui aux mains des Kurdes ou de la coalition internationale, nombre de femmes et d’enfants très endoctrinés sont actuellement dans des camps de réfugiés. Certains représentent de véritable bombes à retardement, dont les conditions de survie ne font que les conforter dans leur haine de l’Occident.