Source : Le Figaro
Par Caroline Piquet
Une étude de l’Université américaine du Maryland montre que le nombre d’actes terroristes a baissé de 20% entre 2016 et 2017.
Un an après les attentats de la Catalogne, Barcelone a rendu hommage à ses victimes ce vendredi matin. Mardi à Londres, un homme percutait volontairement en voiture des barrières de sécurité près du parlement britannique, faisant trois blessés. Dans la foulée, l’attaque a été considérée comme un acte terroriste. Le lendemain, un attentat-suicide faisait plusieurs dizaines de mort en Afghanistan, dans un centre éducatif de l’ouest de Kaboul.
Si l’actualité peut donner l’impression que les attentats ne cessent de progresser dans le monde, une étude américaine publiée ce mois-ci par l’Université du Maryland,et repérée par le Washington Post , démontre au contraire qu’ils sont en baisse ces trois dernières années, après un pic enregistré en 2014. Cette année-là, 17.000 attaques et 45.000 morts avaient été recensés, rappelle l’étude statistique. Trois ans plus tard, en 2017, les chercheurs américains ont dénombré 10.900 attaques terroristes perpétrées dans le monde, soit une baisse de 20% par rapport à 2016, année durant laquelle ces attentats étaient déjà en recul par rapport à 2015. De la même manière, ils ont observé que le nombre de victimes – qui comprend les terroristes tués – avait baissé de 24% entre les deux années. Alors que les chercheurs recensaient 34.000 victimes en 2016, ils en comptaient 26.445 victimes en 2017, dont 8075 agresseurs.
Une baisse en lien avec le recul de Daech
Cette baisse est particulièrement significative dans la région du Moyen-Orient et en Afrique du nord où le nombre d’attaque a diminué de 38% et celui des victimes de 44%. Plusieurs pays ont particulièrement vu leur nombre d’attaques et de victimes baisser en 2017. C’est notamment le cas de la Turquie où le nombre d’actes a chuté de 67% entre 2016 et 2017. Ces chiffres n’étonnent pas le spécialiste Jean-Charles Brisard: «La Turquie a opéré un revirement vis-à-vis de l’État islamique et pris des mesures plus fermes à l’encontre des djihadistes», analyse le président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT).
Comment expliquer cette tendance? D’après Jean-Charles Brisard, ce repli est en partie dû aux pertes territoriales de l’État islamique en 2017. Le groupe terroriste a notamment reculé en Syrie et en Irak, où ils ont perdu leur «capitale», Mossoul, et Tall Afar, leur voie de passage vers la Syrie. Le nombre de victimes de Daech a d’ailleurs baissé de 40% entre 2016 et 2017, notent les chercheurs américains. Néanmoins, la menace reste élevée. «Il ne faut pas concevoir l’État islamique comme un simple territoire mais bien comme un réseau terroriste avec de multiples affiliés dans le monde, à l’image d’al-Qaida, prêts à frapper dans de nombreux pays», nuance le spécialiste.
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En Europe, plus d’attentats mais moins de victimes
En Europe de l’ouest, la tendance est inverse. En 2017, les chercheurs américains ont recensé 291 attaques, soit une légère hausse de 7% par rapport à 2016. «Il n’y a jamais eu autant d’attaques depuis la création de Daech», souligne le spécialiste, qui avait également fait le même constat dans son propre rapport publié en janvier 2018. Cette étude montrait notamment que la France était le pays le plus visé dans l’Union européenne. Pour le spécialiste, cette hausse des attaques est le signe que «l’idéologie du groupe terroriste continue de progresser en Europe».
En revanche, le nombre de victimes a quant à lui nettement baissé (-65%), passant de 238 à 83 victimes. En effet, «il n’y a pas eu d’attentats majeurs en 2017», constate Jean-Chales Brisard. «Du fait de la désorganisation de son appareil, Daech est aujourd’hui moins en capacité d’organiser un attentat coordonné et de grande ampleur» comme ce fut le cas en France le 13 novembre 2015. Le Washington Postavance également l’hypothèse d’une meilleure préparation des États. En France, 20 attentats ont été déjoués sur la seule année 2017. Mardi, la première ministre britannique Theresa May annonçait que 17 attentats terroristes islamistes et d’extrême droit avaient été déjoués depuis mars 2017.
Malgré cette tendance mondiale à la baisse, les chercheurs américains rappellent que la «violence terroriste reste extraordinairement élevée» si on prend un peu de recul. «Dans la décennie précédant le 11 septembre 2001, le nombre d’attaques, la fréquence et la létalité de cette violence terroriste étaient chaque année inférieures au tiers de celles de 2017», préviennent-ils. Par ailleurs, leurs statistiques montrent que le groupe terroriste État islamique reste de loin, le plus meurtrier au monde. Selon leur décompte, ce dernier a fait 7120 victimes en 2017, les Talibans ayant tué 4925 personnes, le groupe terroriste islamiste somalien al-Chebab 1894 et Boko Haram ayant fait 1577 victimes sur la même période.